Le Quintet Donj'
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 Chroniques de Yaël Lunedor

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Yaël
Quintétienne Roublarde Ensorceleuse
Yaël


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MessageSujet: Chroniques de Yaël Lunedor   Chroniques de Yaël Lunedor Icon_minitimeMar 2 Sep - 17:29

Je me disais que ça pourrait être sympa si on mettait ici les histoires de nos persos (pour ceux qui les écrivent). Ca sert de pense-bête en même temps et peut nous permettre de mieux les comprendre et de faire des trucs plus personnalisés pour les DM Wink

Donc, je vais mettre les miennes au fur et à mesure que je les écris ...

Et une grande et petite carte pour mieux s'y retrouver ... (sur la grande, c'est pour visualiser où ça se trouve par rapport à tout Faerûn ... j'ai opacifié la carte entière pour que les zones intéressants nos persos - Marches d'Argent, Eau Profonde, et la Luiren - soient plus visibles ). Si vous ne voyez pas bien, pour info les Marches d'Argent c'est en haut vers la gauche et la Luiren en bas tout à droite ... Eau profonde, au milieu, à gauche près de la côte Rolling Eyes Les noms sont en anglais donc :
- Eau Profonde = Waterdeep
- Lunargent = Silverymoon
- Marches d'Argent = Silver Marshes

Chroniques de Yaël Lunedor Luiren11

____________________________________________________________

I - Du mystère de la Lune d'Or [modifié]
II - Une fête grandiose [nouveau]
III - Prochaine étape : Béluir [nouveau]


Dernière édition par Yaël le Mar 2 Sep - 22:51, édité 6 fois
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Yaël
Quintétienne Roublarde Ensorceleuse
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MessageSujet: Re: Chroniques de Yaël Lunedor   Chroniques de Yaël Lunedor Icon_minitimeMar 2 Sep - 17:34

I

Du mystère de la Lune d’Or




« Ne souhaite jamais être par trop populaire, Yaël ! Les avantages, certes, tu en verras …
Mais tu repenseras bien trop souvent aux inconvénients ! »




Ainsi m’était énoncé le (sage ?) conseil de Grand-père Lunedor, un soir, il y a de ça huit années. Ce soir-là, j’avais émis le désir au cours d’un conseil de famille improvisé de quitter Crimel. Mais de cela, il en sera question plus tard. Car comme chacun le sait, il n’est rien de plus important que d’expliquer avant tout de qui je viens et quelque part, il sera donc plus facile de comprendre le pourquoi des paroles de mon aïeul …

Les Lunedor, ma famille, sont connus que de peu de personnes dans tout Luiren (1). Mais à Crimel, c’est une toute autre histoire ! Selon les archives tenues par les maires successifs du village – aujourd’hui, par le riche Silvo Ciseleur depuis un peu plus de dix années – ma famille a posé ses sacs de voyage en l’an 923. Son arrivée à Crimel fut des plus remarquées, au plus grand damne de Grand-père Lunedor qui souvent somnole le soir devant la cheminée, la pipe au bec, bredouillant des mots incompréhensibles. Grand-mère Lunedor dit qu’il commence à se faire vieux mais bon, 107 années ce n’est pas encore un pied dans la tombe ! Mais revenons à l’arrivée de ma famille …

Donc. L’aïeul des Lunedor de Crimel, Yannig Lunedor, était arrivé un après-midi de printemps en 923 avec sa femme Nola, cousine au troisième degré du côté de sa mère Roncetors, et leur jeune fils, Hubin. Ils venaient tout droit depuis Ammathluir. Les premiers jours furent calmes, à la mesure que l’installation d’une nouvelle famille peut l’être : aide à l’installation des nouveaux, tour officiel de Crimel par le maire escorté par tous les curieux (autrement dit, tous à Crimel …), pendaisons de crémaillère multiples et imprévues à l’initiative des voisins opportunistes (autrement dit, tous également …), fête communale pour célébrer leur venue …

Les Lunedor étaient célèbres pensait-on pour quelques cinq ou six générations. Mais très vite, il s’avéra que leur (triste ?) célébrité se poursuivrait bien au-delà puisqu’à l’heure d’aujourd’hui, moi qui suis de la 13ème génération des Lunedor de Crimel, rien n’est oublié et j’essuie encore les regards curieux de mes voisins. Ne dit-on pas ‘avoir une mémoire de Hin’ (2) ?! Au cours des habituelles discussions avec les nouveaux, mes ancêtres, beaucoup de demandes étaient faites pour avoir des nouvelles des familles éloignées sises à Ammathluir, au nord de Lluirbois Méridional. Evidemment, Yannig ne vit aucun mal, bien au contraire, de converser de ce genre de choses. Il s’agissait bien là d’un des sujets de discussions préférées des Hins, la famille étant en bonne place avec la bière, les fêtes célébrées et notamment les mariages qui relançaient moult bavardages et souvenirs généalogiques et les bonnes choses (sous-entendues ce dont on peut se gourmander à loisir). Mais je m’éloigne du sujet …

Très rapidement, les discussions au Troll Trébuchant tournèrent autour des raisons du déménagement des Lunedor. Il est courant dans tout Luiren qu’une ou plusieurs fois par génération, une famille décide du jour au lendemain, de quitter sa maison en laissant tout derrière elle pour s’installer dans une autre bâtisse, vidée depuis peu, dans une autre communauté. C’est ainsi que l’on vit chez nous et ça nous plaît bien. Mais nul n’avait oublié à l’époque ce qui s’était passé quelques mois plus tôt à Ammathluir : des pillards Crinti de Dambrath avaient attaqué la ville mais heureusement, au bout de trois jours, ils furent repoussés. Je ne les aime pas du tout ces engeances humaines d’Elfes et de Drows !

La première et la plus évidente des raisons qui fut proposée était que les Lunedor avaient fui la région qui était si proche de Dambrath, là où résidaient ceux qui ne nous avaient jamais aimé ni toléré … Mais les discussions de ce genre durent suffisamment longtemps chez les Hins pour que d’autres informations parviennent à leurs oreilles avides : un Pied Léger passait par là et connaissait quelques Lunedor restés à Ammathluir. Et pour quelques bières, il en avait des choses à dire (et encore, en insistant un peu, il les aurait racontées pour rien !). Bizarrement, nul n’a le moindre souvenir de son nom …

Le bougre avait du bagou et sut captiver son auditoire dès les premières paroles car selon lui, la raison du déménagement des Lunedor n’avait d’autre cause que le mystère qui entourait l’obtention de ce nom. Outre la famille et la généalogie qui sont parmi les passe-temps favoris des Hins, le nom d’un Halfelin est au moins aussi important sinon plus dans certains cas, comme dans celui-là selon le voyageur inconnu. Et non content de fournir la solution à ce ‘mystère’, il se complut à leur fournir tout un tas d’explications soi-disant plausibles ! A eux de trier le vrai du faux : ça occuperait bien quelques hivers … Et je dois dire que quatre siècles plus tard, c’est un sujet encore très régulièrement abordé à Crimel !

Je dois dire que les différentes possibilités me font parfois bien rire. Sans doute quelques unes ont-elles été inspirées de la bouche de Brandobaris le Filou lui-même ! Qui est-il ?! Vous ne le savez pas ?! Mais il est le dieu qui nous a aidé à fonder la Luiren et qui a affronté Vaprak le Destructeur !! Ah quelle épopée, quelle ingéniosité, quelle … Oups, je m’éloigne encore du sujet. Mais vous comprendrez bien que j’aime particulièrement Brandobaris et … Enfin bref. Donc, bien des propositions sont risibles mais d’autres le sont moins. En fait, risibles ou non, la suspicion, la jalousie que ces histoires allaient faire naître à Crimel sont largement déplorées par Grand-père Lunedor et son père avant lui et tous leurs ancêtres …

Chacune de ces rumeurs courant à Crimel a laissé (et laisse encore) une belle empreinte sur les Lunedor et Yannig fut le plus cruellement blessé par tous ces racontars car pour chacun, on l’affublait alors d’épithètes et surnoms peu reluisants …


Yannig le Vaniteux


Selon la plupart des Hins, la raison la plus simple est souvent la plus proche de la vérité. Sans doute était-ce la rumeur la moins cruelle car beaucoup déclarèrent que le nom de Lunedor n’était que tricherie de la part du premier Lunedor qui aurait voulu alors s’affubler de ce nom ‘brillant’ pour se faire passer pour un riche, quelqu’un de noble et de cœur, et de sang. Se glorifier ainsi était alors mal vu surtout par le Maire de l’époque qui devait sans doute voir là une preuve flagrante que son statut de gérant était menacé …



Yannig le Parvenu


Ou le ‘Gigolo’, le ‘J’vais demander à ma femme …’. Les Hins de Crimel apprirent du voyageur inconnu que l’épouse du premier Lunedor portait le nom de Lunelle. Il paraîtrait qu’il se serait agi d’un mariage arrangé et que le beau-père, n’ayant eu qu’une fille, aurait exigé que le nom de l’épousée soit en partie gardé afin que les Lunelle ne disparaissent pas avec ce mariage. Le jeune mari portait-il vraiment la culotte ?! ‘Etonnant qu’il ait eu la moindre descendance’, ricanèrent certains … ‘Sans doute les gosses n’étaient-ils pas de son fait’, ironisèrent d’autres.


Yannig l’Idiot


Le soleil aurait trop tapé sur la tête du premier Lunedor qui aurait cru alors que l’astre lumineux était en fait une lune d’or. Un miracle qu’il ne se soit pas tué à trop regarder le ciel et non devant lui, et une chance inespérée qu’il ait trouvé une quelconque moitié ! En tout cas, une chose est sûre, ‘sont probablement tous cinglés dans cette famille !’.


Yannig l’Avare


Alors là, on commence à tomber dans le fantasque … A leur arrivée à Ammathluir, en creusant leur trou de Hin, ils seraient tombés sur un fabuleux trésor qu’ils garderaient cachés depuis, leurs fesses bien calées dessus. Et si on leur répond que les Lunedor n’ont jamais été particulièrement riches, ils répondront du tac au tac que très probablement, les Lunedor auraient dépensé toutes leurs richesses inconsidérément !


Yannig le Profiteur


Les mercantiles sont férus de cette version : le premier Lunedor aurait ouvert un véritable commerce bien juteux avec les Nains d’Or de la Grande Faille, un peu plus loin à l’ouest, et n’en ferait profité que sa famille plutôt que toute la communauté qui l’a pourtant accueilli à bras ouverts ! Et pour couronner le tout, cela ne les étonnerait guère d’apprendre sous peu que toutes ces disparitions dans le Lluirbois Méridional soit en fait des Hins ayant découvert la vérité ou quelques roublards essayant de grappiller quelques-unes de leurs innombrables pièces d’or …


Yannig le Traître


Ou le ‘Corrompu’ … La rumeur que chacun des Lunedor et moi-même aimons le moins ! Le premier Lunedor aurait fait une sorte de partenariat avec les voisins de Dambrath et très probablement avec les Crinti. Il était alors évident que ce ne pouvait être que de l’illégal, de l’immoral et que tout se passait sous le manteau ! Les plus médisants subodorent que l’attaque des Crinti en 922 n’était sûrement pas due au hasard et que les Lunedor devaient être à la source d’un litige qui les auraient menés jusque là ! Tous les morts Hins au cours des trois jours que durèrent les combats étaient donc probablement de leur faute !

Vous imaginez ce que ma famille doit supporter depuis des siècles ? Des regards inquisiteurs, jaloux, accusateurs voire même condescendants. Oui, la popularité n’est peut-être pas à souhaiter à la légère … Mais mon intention alors était bien de fuir celle-ci pour m’en construire une nouvelle ailleurs !

____________________________________________________________
1 - Luiren, région au Sud de Faerûn d’où les Halfelins sont originaires.
2 - Hin, c’est ainsi que les Halfelins se nomment entre eux. Ces humanoïdes de petites tailles sont très comparables aux Hobbits de J.R.R. Tolkien, bien qu’un brin moins ‘corpulents’. Pour ce qui est de la culture, c’est très comparable hormis que ceux-ci vivent chaussés …


Dernière édition par Yaël le Mar 2 Sep - 17:43, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Chroniques de Yaël Lunedor   Chroniques de Yaël Lunedor Icon_minitimeMar 2 Sep - 17:42

II

Une fête grandiose




Cette année-là, Crimel était en effervescence : Silvo Ciseleur, notre maire, fêtait son 80ème anniversaire. Enfin, en théorie, il était sensé ne pas être au courant car c’était sa femme qui organisait tout ça pour son riche mari mais tout le remue-ménage que cela a occasionné n’était passé inaperçu de personne, pas même du principal intéressé ! C’est ce cher Pand Nezrond qui se frottait allègrement les mains car la majorité des achats pour nourrir tout Crimel pour cette occasion si spéciale se passait chez lui, aux Provisions de Pand le Corpulent, lui qui est si chétif pour un Hin ! Aux vues du nombre des invités (qui ne se bornaient pas à Crimel !), il était devenu vital de s’approvisionner jusqu’à Béluir … Evidemment, ce brave Pand, comme à son habitude, n’hésitait pas à faire crédit – de toute manière, il ne risquait pas grand-chose puisque les Ciseleur sont bien les plus riches de la région et payent toujours rubis sur l’ongle.

Dame Ciseleur voulait mettre les petits plats dans les grands et gérait tout de mains de maître. A l’affût du moindre défaut ou retard, elle était dans le dos de chacun, consultant sans arrêt ses petits papiers noircis de notes du haut de ses binocles fines et cerclées d’or, paraît-il. Pour cette occasion exceptionnelle, elle avait donc prévu un grand buffet pour chacun des repas qu’il y aurait ce jour-là ainsi que diverses animations pour amuser petits et grands : jeux en tout genre pour les plus jeunes, courses diverses dans des sacs de jute, tir à la corde et combats au bâton sur un tronc au-dessus d’une mare de boue – activité qui attire beaucoup de monde – loteries multiples avec des paniers garnis à gagner et, le clou du spectacle : une troupe de saltimbanques et autres bardes conviés expressément avec en prime un gnome réputé pour ses talents d’artificier.

La fête devait avoir lieu à la mi Kythorn (1), au ‘temps des fleurs’ , mais Dame Ciseleur, très organisée, avait commencé les préparatifs depuis le début de l’hiver ! Tout le monde participait à Crimel et il se disait que d’autres artisans étaient mis à contribution dans d’autres cités Hins. Cette rumeur a pu se vérifier le jour J puisque effectivement, on eut le plaisir de constater que chacune des tables – je me suis arrêtée de compter à 53 … – était recouverte d’une belle nappe blanche brodée de fleurs bleues et jaunes. Les dieux seuls savent combien d’or Dame Ciseleur a dépensé dans ce linge de maison qui sans doute ne servira qu’une fois ! De toute manière, tant que ce n’est pas moi qui paye …

Tous les artisans de Crimel – et d’ailleurs – étaient donc au travail depuis l’hiver et ne chômaient pas. Les ébénistes fabriquaient des tables et bancs qui manqueraient ainsi qu’une scénette pour les saltimbanques, les brasseurs et vignerons s’occupaient des commandes et de l’étiquetage à grands frais des bouteilles, les tailleurs confectionnaient les commandes de toutes les familles qui veillaient à être bien fripées pour l’occasion … Et nous autres, les petites mains de Crimel du haut de nos quelques années, courrions d’un trou à l’autre pour distribuer les cartons d’invitation : du beau papier vélin épais de couleur crème avec une jolie décoration peinte dans un coin – une fleur bleue et une autre jaune – avec l’invitation pompeuse écrite à la main en lettres d’or. Dame Ciseleur avait été des plus fermes quant aux soins que nous devions apporter au transport et à la délivrance de ces petits bijoux de papier et il valait mieux ne pas la contrarier, par respect pour nos oreilles et nos arrière-trains !

La dernière semaine avant le fameux jour tant attendu dans la région vit un arrivage incroyable et Rory Doigtsall, le propriétaire du Troll Trébuchant, ne savait plus où donner de la tête. Ses rares chambres étaient prises d’assaut par un nombre incalculable de Halfelins qui arrivaient d’un peu partout, invités ou participant à la préparation de la fête. Parmi ces derniers, les cuisiniers furent les plus attendus par l’ensemble de la populace. Dame Ciseleur, quant à elle, s’inquiéta particulièrement jusqu’à l’arrivée des fleuristes qui devaient décorer toutes les tables et la scénette. Jour après jour, les limites de Crimel étaient repoussées un peu plus loin car des tentes blanches poussaient comme des champignons pour pouvoir offrir un abri à tout le monde.

Enfin le jour de la fête arriva. Chacun était surexcité et attendait avec impatience le moment des réjouissances tant gustatives que divertissantes. Dès l’aurore, notre famille était sur pieds. Pour l’occasion, nous avions tous eu droit à un bain dans les règles de l’art – sous-entendu à la brosse ! On était beau à voir avec nos peaux rougies … – et revêtions nos plus beaux habits. Maman courait d’une pièce à l’autre, s’occupant de papa, de mes frères et sœurs, mes grands-parents … La pauvre ! Elle en était rouge d’épuisement alors que la fête n’avait pas encore commencé. Bien qu’à l’époque j’étais une toute jeune fille, je m’étais occupée de moi toute seule. Pour les autres et notamment Grand-père Lunedor, je faisais ça par gentillesse et pour épargner ma mère. En fait, je n’avais nulle envie que Maman me coiffe – elle tire les cheveux trop fort ! – ni choisisse mes vêtements. C’est donc sereinement que je me préparai, au milieu d’une véritable tempête.

Maman passa la matinée à crier au scandale, répétant sans cesse que nous étions en retard et que c’était inadmissible de ne pas arriver à l’heure un tel jour. Mais force fut de constater, à son plus grand soulagement, que nous fûmes parmi les premiers à arriver. Du coup, le carnage n’ayant pas encore commencé, nous avons eu tout le loisir d’admirer la beauté champêtre des tables avec de la belle vaisselle assorties aux nappes et surtout le buffet. Je n’avais jamais vu tant de nourritures en un seul lieu ! Pendant un moment, j’ai pensé que jamais on ne viendrait à bout de tant de victuailles … Je m’inquiétais pour rien ! Pâtés de gibiers divers et variés, pains de viande, tourtes, poêlées de champignons, tomates et poivrons à la braise, daubes et gratins, sans oublier les tartes, crèmes glacées, petits gâteaux et bien sûr, tout un assortiment de boissons alcoolisées ou non. Il n’en resterait pas une miette à la fin de la fête …

L’anniversaire se déroula dans un chaos généralisé mais surtout dans la liesse la plus grande et la plénitude de nos estomacs. Les diverses animations eurent un franc succès et chacun y trouva son compte, les malheureux perdants de la joute au bâton au-dessus de la mare de boue gagnant un bain gratuit – parait-il que la boue est bonne pour la peau. Toute la journée se déroula au rythme de la musique jouée par les saltimbanques et régulièrement, il y eut quelques intermèdes avec acrobates, danseurs et autres illusionnistes. Un spectacle de marionnettes fut un véritable ravissement pour nos jeunes yeux écarquillés et les histoires de dragons et autres trolls nous firent frémir de plaisir et de peur.

Tout se déroula dans un tourbillon de couleurs et de bruits mais s’il y avait qu’une seule chose dont je devais me souvenir durant toute ma vie ce serait le spectacle qui commença à la nuit tombée. La fête battait son plein et on eut droit aux remerciements de Silvo Ciseleur qui ne manqua pas de déclarer à quel point cette ‘surprise’ l’avait ravi. Il laissa alors la place à l’unique Halfelin de la troupe de saltimbanques. Il prit place sur une caisse pour que tous puissent le voir, saisit son luth et commença à égrener un répertoire impressionnant de chansons Hins et de tous bords. Il avait beau ne plus être tout jeune mais j’étais malgré tout sous le charme, comme beaucoup d’autres ce soir-là. Sa voix se répandait sur toute l’assistance telle une onde magique, ravissant nos oreilles et mon cœur tressaillit à maintes reprises tantôt sur une note tenue, tantôt sur un staccato ou encore la beauté d’une simple phrase. Même les gardiens de la marche , pourtant si sérieux, et Arvor Viffront lui-même, étaient captivés et avaient parfois la larme à l’œil ! Malgré le talent indubitable du gnome artificier, il ne trouva pas faveur à mes yeux. Je ne pensais qu’au barde et à ses chansons et un rêve venait de naître dans un coin de ma tête et de mon cœur …

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1 - Kythorn ou ‘temps des fleurs’ correspond au mois de Juin, dans le calendrier Faerûnien.
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Yaël
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MessageSujet: Re: Chroniques de Yaël Lunedor   Chroniques de Yaël Lunedor Icon_minitimeMar 2 Sep - 22:49

III

Prochaine étape : Béluir



Depuis l’anniversaire de Silvo Ciseleur, je n’avais plus qu’une pensée en tête. Je savais désormais ce que je ferai quand je serai plus grande : barde. Moi aussi j’avais envie de faire de la musique, chanter et parcourir tout Luiren et peut-être même plus loin encore ! J’avais envie de me faire connaître autrement que par les rumeurs qui courent sur ma famille, je voulais que mes parents soient fiers de moi. Je me disais alors que si je devenais une barde réputée, Crimel oublierait peut-être le supposé passé des Lunedor.

Je décidai donc de prendre le rothé (1) par les cornes et dès le retour de la fête d’anniversaire, à une heure des plus tardives, je fis part de mes projets – pour ne pas dire décision – à ma famille. Sur le coup, mes parents ne dirent rien, visiblement surpris. Ce fut Grand-père Lunedor qui choisit d’intervenir.

Grand-père Lunedor : « Bien sûr que c’est un beau métier mais je pense, jeune fille, que tu es encore sous le coup de la ‘magie’ de ce musicien. Dans quelques jours, tu n’y penseras plus …
Yaël : Ah mais non ! Je te jure, Grand-père, que ça ne va pas me passer de si tôt !
G-p L. : Les enfants sont tous les mêmes … Et les jeunes filles s’enflamment toujours aussi vite. (soupir) Admettons que tu gardes cette idée en tête, comment comptes-tu t’y prendre ?
Y. : Facile. Dès demain matin, je vais aller voir les saltimbanques et les suivrai au cours de leurs voyages pour apprendre auprès d’eux ! »

A ces mots, Grand-père Lunedor faillit s’étouffer en aspirant une bouffée de sa pipe et Maman poussa un petit cri mêlant surprise et désespoir. Une bonne demi-minute passa dans le silence le plus complet, les yeux rivés sur moi. Papa prit enfin la parole, d’un ton posé mais son regard prouvait que la colère montait en lui.

Papa : « Il est hors de question que tu partes ainsi à l’aventure avec de parfaits inconnus.
Y. : Ce ne sont pas des inconnus ! Tu as bien vu qu’ils sont sérieux, gentils et qu’ils ont énormément de talent. Je dois apprendre auprès de bons professeurs sinon je ne serai jamais célèbre …
G-p L. : Ne souhaite jamais être par trop populaire, Yaël ! Les avantages, certes, tu en verras … Mais tu repenseras bien trop souvent aux inconvénients !
Y. : Je sais Grand-père. Je veux justement changer la réputation de la famille …
G-p L. : Ce n’est pas à toi de veiller à ce genre de problème. De toute façon, tu pourrais être la plus douée des bardes que le nom des Lunedor sera toujours entaché.
Papa : De toute façon, ils n’accepteront pas de te prendre. Ils n’auront pas le temps de t’apprendre car ils doivent gagner leur vie et surtout, tu es trop jeune pour partir sur les routes !
Y. : Trop jeune ?! Mais il faut bien que j’apprenne ! On n’apprend pas à jouer d’un instrument en un mois, ni même une année !
G-p L. : C’est vrai … »

A cet instant, Papa jeta un regard noir à Grand-père Lunedor qui bourrait une nouvelle fois sa pipe. Il la ralluma puis continua :

G-p L. : Toutefois ton père a raison. Ce n’est pas des saltimbanques qui pourront t’apprendre à jouer d’un instrument … D’ailleurs, de quel instrument voudrais-tu jouer ?
Y. : … Euh … (Grand-père a toujours l’art et la manière de trouver les failles dans mes plans !) Je ne sais pas encore …
Papa : Ah ! Tu vois, tu es trop jeune : tu ne sais même pas encore ce que tu veux vraiment ! »

Je m’apprêtais à répondre vertement à mon père – ce que j’aurais chèrement payé à mon avis – quand Grand-père Lunedor leva un doigt vers le plafond comme à chaque fois qu’il trouvait la solution à un problème, tout fier, un sourire en coin.

G-p L. : « C’est pourquoi dans un premier temps il te faudra choisir un instrument …
Y. : Mais …
G-p L. : Laisse-moi terminer, jeune fille. L’apprentissage de la maîtrise d’un instrument et en jouer ensuite avec talent – ce qui n’est pas donné à tout le monde – demande des années. Par conséquent, il vaut mieux prendre le temps et choisir une bonne fois pour toute son instrument plutôt que de s’apercevoir en cours de route que finalement tu t’es trompée …
Y. : Comment je vais faire, Grand-père ? Je ne les connais pas tous …
G-p L. : Le plus simple serait que tu ailles travailler auprès d’un cousin à Béluir. Il fabrique toutes sortes d’instruments de musique. Je suis sûr que là-bas tu verras très vite vers quoi va ta préférence !
Y. : C’est vrai ?! Je peux y aller ?!
G-p L. : Il faut d’abord en parler avec lui, tout de même. Mais au moins, tu resteras en famille et surtout, tu ne seras pas sur les routes avec tous les dangers qui les parsèment ! En plus, je suis certain qu’il doit connaître de bons professeurs de musique … Il doit en avoir plusieurs dans ses relations professionnelles. »

Je sautai aussitôt au cou de mon aïeul, trop heureuse d’avoir été comprise par quelqu’un et surtout d’obtenir gain de cause car ce que décide Grand-père Lunedor est sans appel : on respecte ses décisions. Papa, lui ne disait rien mais semblait un peu plus calme. La perspective que je reste à portée de mains devait sans doute le rassurer. Maman, par contre, me regardait tristement … Les mères sont toutes les mêmes, elles n’aiment pas voir leurs petits partir. J’allai alors la serrer dans mes bras et lui promis de venir les voir le plus souvent possible et surtout, de devenir la plus grande des bardes de Luiren.

Cette nuit-là, mes rêves furent particulièrement beaux et pleins de promesses … J’allais apprendre la musique à Béluir, la plus belle et plus grande ville de tout Luiren ! On ne pouvait rêver mieux, j’estimai que j’avais énormément de chance.


____________________________________________________________
1 - Rothé : le rothé est un animal de Faerûn qu’on pourrait assimiler à un bison, en un peu plus gros tout de même … On le trouve surtout dans les terres sauvages du nord. Il existe même les Rothés des profondeurs qui vivent en Outreterre.
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